Immersion au cœur du métier d’agent de trafic

Maillon essentiel dans les opérations au sol d’un avion, nous vous proposons aujourd’hui de partir à la découverte du métier d’agent de trafic aérien au travers du regard de l’un d’entre eux.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Florian, je suis Coordinateur de vol / Agent de Trafic / Chef Avion ou encore Flight Dispatcher en anglais. Il n’y a pas d’appellation plus correcte qu’une autre, elles sont toutes utilisées couramment.

J’ai commencé à mes 18 ans, en 2019, à l’aéroport de Bordeaux.

Aéroport de bordeaux
Aéroport de Bordeaux
En quoi consiste ton métier ?

Mon rôle est de superviser toutes les opérations au sol, dès l’arrivée d’un avion, jusqu’à son départ pour qu’il parte à l’heure et en toute sécurité !

Maître de ma touchée, je dois établir la masse et le centrage de l’avion en m’assurant que le nombre de passagers et de bagages à bord correspondent. J’établis la liaison entre l’équipage de l’avion et le service au sol pour éviter tout quiproquo. Je suis en moyenne 50% du temps dans le bureau afin de préparer le dossier de vol avec toutes les informations (particularité du vol, dossier météo, plan de vol, feuille de centrage, ect) dont j’ai besoin, que j’obtiens et que j’échange via contact radio avec les pilotes, par message via l’escale de départ, par ACARS et par les différents services tels que l’enregistrement, les agents d’escales en porte, les agents de piste, et même les opérations aériennes de la compagnie traitée pour envoyer à nouveau l’avion en l’air !

Avions sur aéroport de Bordeaux
Avions au sol de l’aéroport de Bordeaux

Je passe tout de même l’autre moitié du temps au sol dès l’arrivée de l’avion, pour m’assurer que tout le personnel de mon vol est présent et pour connecter une passerelle si besoin. Entre porte d’embarquement et tarmac, pas le temps de se poser. On se doit d’avoir les yeux partout, vérifier que le débarquement et l’embarquement se passent correctement, comme pour le chargement et déchargement en soute, et même pour faire le briefing avec l’équipage sur les informations du vol !

Quelles sont les études nécessaires ?

J’ai pu accéder au métier via une formation de 3 mois à l’ESMA Aviation Academy (École Supérieur des Métiers de l’Aéronautique) à Montpellier après l’obtention de mon BAC, et j’ai pu être recruté dans la foulée pendant ma formation.

ESMA
ESMA Aviation Academy

Un niveau BAC est recommandé pour accéder au métier. Cependant, le permis B est obligatoire si on veut décrocher un poste après la formation, ainsi qu’un casier judiciaire vierge pour l’obtention du badge aéroportuaire !

Faut-il être passionné d’aviation pour exercer ?
Je dirais même que c’est un métier réservé aux passionnés au vu de la difficulté de celui-ci. Pour s’accrocher et même pendant la formation, je dirais que ça aide beaucoup. On trouve grâce à cela une motivation extraordinaire !
Étant moi-même passionné, c’est un pied total d’avoir un cadre de travail comme celui-là avec des avions de tous les côtés !
Quels sont les avantages et inconvénients du métier ?

Je dirais que ce job est vraiment l’un des meilleurs sur l’aéroport quand on est passionné ! On a des situations différentes à chaque vol. On ne s’ennuie jamais, mais il faut tout de même savoir les gérer, que ça soit un problème mécanique, de passagers, au niveau du cargo en soute ou autre !

Avions au sol

Le point noir du métier, c’est la pression qui est exercée sur nos épaules. Étant engagé juridiquement, il est parfois difficile de garder son calme et son sang froid. C’est surement l’un des emplois les plus stressants de l’aéroport. Le rythme peut être assez compliqué à suivre. On peut travailler à toute heure de la journée et de la nuit en fonction des vols. Il m’est déjà arrivé de travailler de 14h30 à 06h30 le lendemain, un dimanche soir à cause d’un vol retardé ! En fonction du vol on ne sait pas vraiment quand on rentre chez soi !

L’ambiance au travail est vraiment essentielle dans ce type de fonction, afin de décompresser à la fin des vols, ou pendant si on peut. On croise un nombre incalculable de personnes de différents services durant la journée, ou même des équipages de nationalités différentes !

Pour ce qui est du salaire, c’est très variable en fonction des heures de nuit, des week-ends où on travaille, de la saison, du contrat, des qualifications détenues et de l’aéroport où on travaille. Mais je dirais qu’en province on pourrait s’attendre à 1400-2200€ en moyenne, et sur les aéroports de Paris, on peut parfois monter jusqu’à 3000€ en saison été !

Quels sont les pires passagers ?

Il m’est déjà arrivé d’avoir un groupe de jeunes à l’embarquement qui fêtaient un enterrement de vie de garçon. Ils étaient tous déguisés, et l’un deux avait un déguisement de lapin avec autour de sa taille un g*demichet et sous l’emprise de l’alcool.

Passagers d'un avion

Cette même personne, pendant que j’étais dans le cockpit, décroche le gdemichet de sa ceinture et l’attache sur la protection du masque à oxygène (la partie située sous les racks à bagages de cabine et au-dessus des sièges). Celui-ci, équipé d’une ventouse, arrive à se maintenir en l’air. En sortant du poste, le pilote et moi-même observons la scène irréaliste. Dépassés de la situation, on demande à la personne de retirer le sxtoy, et en voulant le reprendre, le masque s’est juste déclenché sur son siège !

L’avion est donc parti avec 1h de retard après l’intervention du mécanicien. Le groupe de jeunes a été débarqué et n’ont plus le droit à ce jour de prendre la compagnie aérienne en question !

Est-ce que tu as 1 ou 2 anecdotes à partager ?

Je ne pense pas être à court d’anecdotes avec mon job, mais j’ai deux autres petites histoires à vous raconter !

À la fin d’un débarquement, à 7 min près d’embarquer à nouveau pour un départ, durant le déchargement, un agent de piste m’appelle en urgence pour venir en soute. Une odeur de gaz se fait ressentir. Certains bagagistes étaient pris de maux de tête. J’ai donc couru pour faire évacuer l’équipage qui était toujours présent dans l’avion et qui préparait le départ, et appelé sur le champ la BGTA ainsi que les pompiers, pour sécuriser la zone.

Tous mes responsables on fait le déplacement pour m’apporter de l’aide, et faire rentrer les passagers à l’intérieur en un temps record. En quelques minutes, camions de pompiers et gendarmes encerclent la zone et procèdent à une aération de la soute… Pour finalement trouver un peu plus tard la raison de la fuite de gaz ; une cartouche de gaz de camping qui s’était complètement ouverte durant le vol. L’objet cependant complètement interdit en soute a tout de même passé l’enregistrement. Un mystère toujours pas résolu !

Camion de pompier d'aéroport

Histoire beaucoup plus courte, mais pendant la préparation de la cabine, je me suis rendu dans le poste pour distribuer les documents du vol suivant. En entrant, une épaisse fumée me surprit. Les pilotes fumaient sur une toute petite chicha avant le départ du vol ! Complètement dépassé par la situation, le pilote me lâche « tu veux une taffe ? »

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