Les avions et les missiles n’ont jamais fait bon ménage. Sur les 30 dernières années, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de cas qui sont comptabilisés. Revenons sur quelques uns des plus marquants d’entre eux.
Le vol Ukraine International Airlines 752
Le début d’année 2020 a débuté bien tristement. Nous somme en pleine période de conflit entre les États-Unis et l’Iran, lorsque nous apprenions la destruction par un missile d’un Boeing 737-800 de la compagnie Ukraine International Airlines.
Le vol venait de décoller de l’aéroport de Téhéran-Imam Khomeini, en Iran. 2 minutes après le décollage, l’avion est touché de plein fouet par un premier missile. 30 secondes plus tard, c’est un second missile qui sera tiré et viendra frapper l’aéronef qui s’écrasera peu après dans un parc.
Le gouvernement Iranien niera être à l’origine de l’accident, mais en l’espace de quelques heures à quelques jours, la thèse du missile prendra de plus en plus d’ampleur. Rapidement, des morceaux de missiles et des vidéos montrant les tirs et les impacts viendront lever définitivement le doute. Les autorités Iraniennes avoueront finalement avoir été à l’origine de la tragédie.
Selon eux, l’opérateur à l’origine du tir du missile aurait pris l’avion pour un missile de croisière, et n’aurait eu que 10 secondes pour décider, avant de prendre de son plein gré la terrible décision. Cette décision aura coûté la vie de 167 passagers et 9 membres d’équipages.
Vol Korean Air Lines 902
Cela se passe le 20 avril 1978. Un Boeing 707 de la compagnie KAL devait relier Paris à Séoul, avec une escale à Anchorage. A cette époque, l’avion n’est pas équipé de système de navigation inertiel, et encore moins de GPS. Le vol s’effectue donc par un calcul d’itinéraire impliquant des caps, et par la même occasion, des corrections entre cap magnétique et cap réel.
Une erreur dans cette conversion sera à l’origine d’une violation de l’espace aérien Soviétique. 2 Sukhoï SU-15 viendront alors à leur rencontre dans le but d’intercepter le Boeing, qui est premièrement identifié comme un ravitailleur américain C-135. En effet, le C-135 est une variante militaire du Boeing 707. Le contact visuel est un échec de nuit, et un contact radio est tenté sur une fréquence militaire. Evidemment, les pilotes du Boeing sont incapables de les recevoir.
Alexander Bosov, le pilote leader reçoit finalement l’ordre de ses supérieurs d’abattre l’avion. Problème, il vient d’identifier l’appareil comme étant civil et en informe à plusieurs reprises ses supérieurs de son caractère inoffensif. L’ordre de tir est maintenu, et le pilote se trouve face à un dilemme : Tuer une centaine de personnes ou subir les conséquences d’une désobéissance à sa hiérarchie. Le premier choix l’emportera, et deux missiles sont tirés. Le premier ratera sa cible, et le second viendra frapper l’aile gauche de l’aéronef. 2 personnes seront tuées sur le coup, et les pilotes de l’appareil endommagé entament une descente d’urgence.
Par chance, le temps est nuageux. Les radars ainsi que les chasseurs perdent le Boeing de vue après qu’il soit passé sous la couche. Pendant près de 40 minutes, les pilotes voleront à basse altitude à la recherche d’un terrain où se poser en urgence. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils finissent par poser leur 707 sur un lac de glace. Sur les 107 personnes à bord, on ne comptera finalement que 2 morts lors de l’impact, et tous les autres auront survécu.
Les autorités Soviétiques refuseront de coopérer avec les experts internationaux, et garderont avec eux à la fois les boîtes noires et la carlingue de l’avion qui sera démantelée.
Vol Korean Air Lines 007
Le 01 septembre 1983, rebelote pour la compagnie coréenne. Le vol KAL devait relier New-York à Séoul, avec un arrêt à Anchorage. La première escale s’est déroulée à la perfection, et c’est lors de la deuxième partie que cela va se compliquer.
Le Boeing 747-200 et ses 269 personnes à bord décollent donc d’Anchorage à 13:00 UTC (03:00 heure locale). L’avion vole depuis plusieurs heures, mais l’équipage ne se rend pas compte d’une erreur de navigation sur leur pilote automatique les ayant fait dévier de leur trajectoire. Voilà un peu plus de 5 heures que l’avion vole paisiblement quand soudain, des chasseurs SU-15 et MiG-23 de l’armée Soviétique viennent à sa rencontre. En effet, le 747 a violé l’espace aérien soviétique depuis un long moment, et il n’y a toujours aucun contact radio avec l’équipage.
18:26 UTC, deux missiles sont tirés par le pilote du Sukhoï et viennent frapper le Boeing, qui s’écrasera dans la Mer du Japon. Les boîtes noires n’auront été communiquées que 8 ans plus tard, après la chute de l’Union Soviétique. Dans une interview, le pilote affirmera ne pas avoir réussi à identifier l’appareil de nuit, et avoir tenté d’établir un contact à l’aide de manœuvres d’interception. Ces actions ont été vaines, et l’ordre de l’abattre a donc été donné.
Pendant près de 10 ans, de nombreuses théories auront fait surface, la plupart accusant les Soviétiques d’avoir abattu l’avion civil en toute connaissance de cause. Pourtant, un rapport de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) démontrera que les Soviétiques auraient agi pensant se trouver face à un avion de reconnaissance Boeing RC-135 de l’armée Etats-Unienne.
Vol Itavia 870
C’est une histoire qui ne s’est pas passée très loin, puisqu’elle a eu lieu en Mer Méditerranée sur un vol qui reliait les villes de Bologne et Palerme. Ce 27 juin 1980, un Douglass DC-9 avec 81 personnes à bord est abattu par un missile. Par qui ? Et bien vous allez voir par la suite que le secret semble bien gardé. Les premières thèses indiqueraient qu’un avion de l’OTAN aurait confondu l’avion civil avec un chasseur MiG de l’armée libyenne, mais personne ne semble avoir vu ni entendu quoi que ce soit.
Durant les semaines et années qui suivront, une série de décès viendront remuer l’affaire. Contrôleurs aériens, pilotes, officiers militaires… On comptera au total une vingtaine de morts par suicide, accident ou assassinat autour de cette affaire.
En 1997, 17 ans plus tard, un rapport déclassifié par l’OTAN reprenant les archives radar indique une forte présence militaire dans la zone. Étaient présents des appareils Libyens, Italiens, Etats-Uniens, mais aussi Français. Ce qui pose question vient du fait que les 17 années précédentes, la France avait toujours nié la présence d’une quelconque activité militaire. Des militaires français déclareront des dizaines d’années plus tard que la base aérienne de Selenzara, en Corse, était en réalité active, mais que les activités avaient cessé quelques heures avant la tragédie.
Aujourd’hui encore, 40 ans après la tragédie, nous ignorons toujours les causes exactes de ce tir et des enquêtes sont toujours en cours. D’après une enquête internationale, ce serait le fait d’une bombe à bord, thèse réfutée de toutes parts par de nombreux autres rapports.
Pour les Italiens et bien d’autres, il est certain qu’un missile air-air a été tiré d’un chasseur non identifié, et la France a toujours été désignée comme suspect numéro 1. D’après certains hauts placés et plusieurs services de renseignement, le chef d’Etat Libyen Mouammar Kadhafi avait prévu un vol à bord d’un MiG à ce moment-là. Les services secrets français bien informés auraient alors tenté de l’éliminer, mais auraient fait une erreur de cible.
Vol Iran Air 655
Voilà une affaire qui aura fait énormément de bruit. Le 03 juillet 1988, un Airbus A300 de la compagnie Iran Air décolle de Bandar Abbas, en Iran, à destination de Dubaï. Alors que l’avion vient tout juste de décoller, il est abattu par un missile tiré depuis le navire de guerre USS Vincennes.
Mais pourquoi ?
Le Golfe Persique est une zone instable en proie à différents conflits, notamment entre les Etats-Unis et l’Iran, et l’Irak et l’Iran. Un peu plus tôt dans la journée, un autre navire de l’US Navy est pris pour cible par 13 vedettes iraniennes. L’équipage de l’USS Vincennes met donc le cap en direction de leurs collègues. A ce moment même, plusieurs choses se passent :
- Un avion de reconnaissance maritime P3-Orion de l’armée Iranienne est en vol à proximité. L’équipage du Vincennes l’a au radar, et un contact radio a été établi entre les deux entités. Les intentions sont données, l’avion ne s’approchera pas du navire. Il ne représente pas une menace directe, mais l’équipage du Vincennes se sait surveillé.
- Le vol Iran Air 655 est encore sur l’aéroport, prêt au départ, et accuse déjà près de 30 minutes de retard.
L’Airbus A300 décolle enfin, alors que le conflit est toujours en cours sur la mer. L’appareil entame tout juste sa montée, et juste derrière lui, un chasseur F-14 de l’armée Iranienne prend également son envol. L’équipage du navire détecte ces mouvements au radar, et identifie premièrement l’Airbus A300 comme un F-14. Dans la foulée, l’opérateur radar identifie pourtant l’aéronef comme un appareil civil, grâce à son mode de transpondeur, mais le doute subsiste car un avion militaire peut très bien se camoufler sous ce mode.
Le décollage ayant eu lieu en retard, aucune correspondance ne peut non plus être effectuée sur la liste des vols civils prévus à ce moment là. De plus, l’avion se dirige droit vers le navire. Tout se passe très vite, et le navire n’étant pas équipé de radio émettant sur les bandes civiles, une tentative de contact radio a lieu sur une fréquence militaire… Sans réponse évidemment.
Les marins sont très stressés. Ils sont encore en conflit avec les canots, l’avion se rapproche vite, il n’y a pas de contact radio, et un an plus tôt, 37 marins Etats-uniens sont morts suite à une attaque d’un chasseur Irakien. L’avion est à moins de 30 km quand un opérateur radar s’alerte : Il voit l’avion en descente ! Grave erreur d’interprétation, l’avion est en réalité toujours en montée, et personne ne vérifiera cette information erronée. Le doute sur le caractère civile hante encore de nombreux esprits, mais les secondes défilent très vite. L’appareil est à moins de 20 km, et le commandant du navire prend la terrible décision de lancer des missiles. Le plot radar disparaît quelques secondes après.
Quelques minutes plus tard, c’est la douche froide pour le commandant. Il apprend qu’il vient d’abattre un avion civil circulant sur une route aérienne. De nombreuses erreurs de coordination, de gestion et de communication à bord du navire ont causé la mort de 290 personnes. Le président dé l’époque Reagan exprimera des regrets, mais n’admettra jamais les erreurs ni la responsabilité des états-unis dans ce terrible accident. Selon lui, l’équipage du navire aurait parfaitement agi face à la situation.
Vol DHL reliant Baghdad à Bahrain
Un Airbus A300 de la compagnie cargo DHL a été victime d’un tir de missile peu après le décollage, le 22 novembre 2003. Cette attaque est le fruit d’un groupe paramilitaire irakien, fidèle du régime de Saddam Hussein.
Suivi par une équipe de journalistes de Paris Match, le groupe tirera au lance-roquettes en direction de l’appareil, qui sera touché sur l’aile gauche. Ses 3 circuits hydrauliques sont perforés. Sans hydraulique, l’appareil ne peut plus être contrôlé de quelque façon qu’il soit, et de nombreux autres systèmes se retrouvent inopérants. Pourtant, l’équipage parviendra à trouver une solution. Ils réussiront à faire demi-tour et à poser leur avion en jouant uniquement sur la puissance des deux moteurs. L’appareil sortira de piste après la tentative d’atterrissage, mais sera quasi intact. Quant aux 3 hommes, ils s’en sont sortis sans la moindre égratignure. Cette prouesse est encore à ce jour unique dans l’histoire de l’aviation.
Vol Malaysia Airlines 17
Le 17 juillet 2014, un Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines est abattu en plein vol alors qu’il reliait les villes d’Amsterdam et Kuala Lumpur.
Le missile a été tiré depuis une zone sous tension, en proie au conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes. Une enquête du JIT, un bureau d’enquête, conclura en 2019 sur la nature de ce tir.
Il s’agirait d’un missile Buk, fourni par la Russie aux séparatistes. Cela vient confirmer les premières accusations ainsi que la conclusion préliminaire du parquet néerlandais, annoncées quelques années plus tôt. Les autorités Russes, quant à elles, réfutent encore à ce jour les conclusions de tous les rapports, et 4 responsables sont sous mandat d’arrêt international.
Qui croire ?
D’après la Russie, ce serait l’oeuvre des forces ukrainiennes. Un général russe dévoilera peu de temps après des photos satellites montrant la présence d’une batterie de missiles situés à proximité le jour-là. Des analyses plus poussées démontreront que ces photos dataient du mois précédent et avaient été éditées numériquement. Toujours selon eux, le missile utilisé ne serait plus produit depuis 1999 et seule l’ukraine en posséderait encore. La défense ukrainienne dément posséder ce type de missile, alors que des clichés pris peu de temps avant la catastrophe prouveraient le contraire.
Quant aux preuves avancées par les Ukrainiens et les diverses enquêtes, on y retrouve principalement un post posté sur un réseau social par un leader proséparatiste russe juste après le crash. Celui-ci se vantait d’avoir abattu un AN-26 Ukrainien. Ce post sera supprimé moins de 30 minutes plus tard. Des enregistrements audio auraient également été interceptés au sein des séparatistes, mais ceux-ci seront démentis par les russes, les accusant d’avoir effectué un montage audio.
Vous l’aurez compris, l’histoire est loin d’être terminée. Les deux camps se renvoient la balle, et il est parfois compliqué de vérifier la véracité des preuves avancées par les diverses parties. Il semble encore très difficile d’établir le déroulement exact de ce tir, même si, pour le moment, la balance accuse plutôt le côté séparatistes pro-russes.
Comment éviter ces tragédies ?
On ne pourra jamais totalement les éviter. En effet, le monde a toujours été en proie à des conflits armés, et il est certain que de nouveaux avions tomberont les années à venir. Toutefois, les technologies permettant de suivre et identifier les avions sont en constante évolution. Cela n’empêchera pas des avions de ligne d’être pris pour cible, mais il y a fort a parier que cela a contribué à éviter certaines erreurs d’identification ces dernières années.
Enfin, les compagnies aériennes préfèrent généralement éviter le survol de zones sous tension.
Et les systèmes antimissiles ?
Ces systèmes sont réservés à l’aviation militaire. En effet, ce sont des technologies très avancées et qui coûteraient bien trop cher à mettre en place sur des aéronefs civils. De plus, les avions de ligne ne sont que très rarement ciblés, ce qui ne vaudrait pas un tel investissement. Il est à noter que tous les avions militaires n’en sont pas forcément équipés.
Que conclure ?
Nous venons de voir une liste non exhaustive de cas d’avions de ligne civils touchés par des missiles. Un point commun rejoint tous ces cas : dans le cadre d’un tir opéré par une force militaire gouvernementale, les faits sont toujours niés dans un premier temps, et minimisés dans un second. Et cela se comprend, dans la mesure où quelle nation avouerait sans peine avoir abattu un avion civil rempli d’innocents ?
Enfin, là où cela devient regrettable, ce sont les enquêtes qui peuvent durer plusieurs décennies sans réponses. La vérité est bien souvent cachée, des preuves sont détruites et manipulées, et des accusations sont portées à tort. Tout cela dans l’attente des familles des victimes qui ne parviennent pas à faire leur deuil.
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