Il faut bien croire que oui ! Début 2019, on apprenait l’arrestation d’un homme, pilote chez la grande compagnie South African Airways qui volait sans la bonne licence.
Voilà plus de 20 ans que William Chandler, volait à l’aide d’une fausse licence. L’homme n’était pas pour autant un novice. Il était autrefois officier mécanicien navigant et disposait d’une licence CPL (Licence de pilote professionnelle). Malheureusement, celle-ci n’était pas suffisante, et il lui fallait au moins l’ATPL (Licence de pilote de ligne) pour être aux commandes de son appareil. Cette licence est bien plus complexe à obtenir puisqu’il faut comptabiliser au moins 1500 heures de vol et passer de nombreux examens.
Comment s’est-il fait démasquer ?
Cela fait suite à un incident s’étant produit dans le ciel suisse, en novembre 2018, lors un vol à destination de l’Allemagne. Alors que le vol subissait des turbulences, l’avion a effectué quelques « virages étranges ». Rien de bien grave, cependant, comme après chaque incident, un rapport doit être fait.
Le sort est déjà scellé pour le faussaire. En effet, lors d’une analyse d’incident, les enquêteurs vérifient systématiquement les licences de l’équipage.
Une histoire similaire remontant à 2010
C’est celle de Thomas Salme, un suédois de 41 ans. Il a été arrêté en 2010 alors qu’il s’apprêtait à décoller d’Amsterdam à bord d’un Boeing 737, avec 101 passagers à bord.
13 ans d’activité sans aucun incident
Thomas était même un excellent commandant, et n’a jamais connu un seul incident. Il comptabilisait plus de 10.000 heures de vol, a volé pour de grandes compagnies, et son dossier professionnel comportait des remarques très positives de ses instructeurs.
Il ne disposait pas de licence…
Et n’avait même jamais réellement piloté de Boeing avant de prendre ses fonctions ! L’homme disposait tout de même d’une licence de pilote privé et s’était contenté d’un apprentissage du vol sur Boeing à l’aide de simulateurs de vol.
Le jour où tout a basculé
L’aviation civile suédoise venait de mettre à jour son système informatique, quand un problème remonte : le numéro de la licence de l’homme ne correspond à rien dans leur base de données. Afin de clarifier cette situation, ils envoient alors des policiers vérifier les documents de l’avion ainsi que les licences de l’équipage. C’est en scrutant attentivement la licence du commandant que le masque tombe. Les policiers sont abasourdis.
Il sera finalement emmené au commissariat pour être interrogé, et dévoilera toute son histoire.
Un rêve de gosse
Tout démarre lorsqu’il était enfant et que son père, pilote privé, l’emmène à bord de son petit avion. C’est une révélation pour l’enfant qui trouve sa voie, et s’investira dur comme fer à l’école.
Il s’achètera rapidement un simulateur de vol, à 12 ans, et sera pris de passion pour le Boeing 737-300. Il passera sa licence de pilote privé quelques années plus tard avant de la perdre, faute d’avoir pu financer le minimum d’heures de vol réglementaires pour maintenir sa validité.
Un jour, alors qu’il feuillette les pages d’un journal, il tombe sur une annonce de la compagnie SAS qui recherche des pilotes. Il téléphone, puis indique à son interlocuteur qu’il ne dispose que d’une licence de pilote privé périmée. Son interlocuteur l’invite tout de même à venir passer des tests sur simulateur au sein de la compagnie, en présence d’un instructeur. Il y reviendra très régulièrement, plusieurs fois par semaine pendant près de 2 ans, pour s’entraîner encore et encore, en plus de ses journées passées sur son simulateur à la maison.
Puis un jour, toujours en feuilletant des annonces, il tente le coup pour le coup en répondant avec une fausse licence. Miracle, une grande compagnie, Air One, répond favorablement. Il passe ses premiers entretiens et tests sur simulateur. L’instructeur est sans appel : Cet homme est absolument excellent, il faut l’embaucher !

Il devient alors copilote de 737-300 à 28 ans, avec sa fausse licence suédoise. A peine 1 an et demi plus tard, il est nommé commandant de bord.
Durant 13 ans il passera par plusieurs grandes compagnies aériennes jusqu’à ce que tout s’arrête.
Et au final ?
Le tribunal sera très clément, et le condamnera à seulement 2000€ d’amende, ainsi qu’une interdiction de voler pendant 1 an. Après cette belle carrière, Thomas Salme abandonnera les airs pour l’une de ses anciennes passion : la photographie.
Des cas exceptionnels
Même s’il est certain que d’autres faussaires sillonnent encore les cieux de nos jours, n’ayez crainte. Ces cas sont extrêmement rares.
N’importe qui ne pourrait pas en arriver là. Bien que sans licences, il est indéniable que ces hommes étaient d’abord de très grands passionnés. Ils ont également su faire preuve de grand professionnalisme durant leur carrière pour passer entre les mailles du filet.
Aujourd’hui, avec l’informatisation des données, il deviendrait de plus en plus compliqué d’y parvenir. Enfin, le moindre incident suffirait à ce que tout s’arrête.
Si la sanction du pilote suédois reste toute relative, il en est tout autre pour le pilote sud africain. Même s’il n’a pas encore été jugé, la compagnie réclamerait le remboursement de tous les salaires et avantages que l’homme aurait perçu durant sa carrière… Wait and see !